L’histoire officielle de l’hypnose médicale commence dans la deuxième moitié du 18e siècle par la pratique du magnétisme animal de Franz Anton Messmer. Ce que nous appelons hypnose aujourd’hui est bien loin de cette pratique qui s’est répandu à Paris dans les années précédant la révolution Française. C’est en attribuant les guérisons à l’imagination que le « rapport des commissaires chargés par le roi de l’examen du magnétisme animal » établit le lien entre ces modèles thérapeutiques au delà du temps, des connaissances scientifiques et des pratiques de santé.
Porté par les philosophes des lumières en France au 18e, l’Humanisme né deux siècles plus tôt prône le respect fondamental de l’humain et l’existence de capacités intellectuelles potentiellement illimitées. Cette conviction conduit à penser que la vie contient des ressources au delà des processus physiques observables, ressources qui demandent à être activées. Si ce contexte philosophique permet le développement du magnétisme animal, il permet dans le même temps un changement historique dans le regard que la société porte sur la pathologie mentale. Des précurseurs comme Philippe Pinel et Jean-Baptiste Pussin préconisent dès 1793 un traitement moral, ancêtre de la psychothérapie, pour activer les parties saines des malades et aller vers l’autonomie et la liberté individuelle.
Ces mêmes valeurs humanistes sont au coeur de cette orientation générale de la santé du 21e siècle : donner un rôle actif au patient dans son processus de soin. Dans les actes hypnotiques, nous savons personnaliser toutes les phases de l’acte de soin ici et maintenant en fonction des expériences, des attentes, des valeurs de ce patient dans une relation où patient et thérapeute sont complémentaires. C’est cette dimension humanistes qui porte l’efficacité et la diffusion rapide de l’hypnose dans toutes les dimensions du monde de la santé.
Ces piliers fondamentaux qui sont d’activer les ressources potentielles et permettre au patient d’être plus autonome trouvent leur idéal dans la transmission au patient des techniques d’auto-hypnose.
Et, pour aller au bout de cette logique, c’est une patiente Mme L qui va nous accompagner dans son parcours auto-hypnotique, nous en montrer les vertus et nous proposer des pistes pour l’avenir de notre système de santé.
La douleur chronique reste un problème important à travers le monde malgré la disponibilité des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques . Bien que l’hypnose ai été utilisée pour traiter la douleur chronique depuis des siècles, c’est seulement depuis deux décennies que les chercheurs ont commencé à identifier les effets spécifiques de l’hypnose sur la douleur liée à l’activité du cerveau. Cette recherche montre que la formation à l’hypnose et à l’auto-hypnose a des effets spécifiques pour réduire l’intensité de la douleur au-delà des effets placebo. Les suggestions hypnotiques peuvent cibler et influencer autant les composants spécifiques de la douleur que leurs procédés ainsi que les régions du système nerveux central. De plus, la formation à l’auto-hypnose en douleur chronique a des effets au-delà de la réduction de la douleur et de l’amélioration du fonctionnement y compris une amélioration du bien-être en général et un sentiment de contrôle sur la douleur et ses effets et une diminution du stress perçu. Plus récemment, des chercheurs ont commencé à comprendre le rôle que l’oscillation du cerveau (particulièrement les oscillations de la fréquence théta) peut jouer dans les effets de l’hypnose et des suggestions hypnotiques. Les résultats de cette recherche ont des implications cliniques importantes dans la façon dont les cliniciens peuvent utiliser l’hypnose plus efficacement dans leur pratique.